Myanmar - Projet de compostage à Magway

Dans les rues de Magway, ville de 70.000 habitants au Myanmar, les neuf camions de collecte des déchets ne passent pas inaperçus. Trois fois par semaine ils sont annoncés par une voix féminine tonitruante qui diffuse des messages pédagogiques. Les opérateurs informels de chaque camion attrapent avec le sourire les divers récipients que leur tendent les habitants, y compris quelques objets recyclables au passage.

Cette ambiance de fête contraste avec la suite du circuit des déchets, qui sont mis en décharge sauvage à la porte de la ville avec l'assistance d'autres équipes de travailleurs informels spécialisés dans les déchets ménagers, verts, de marché ou alors artisanaux et commerciaux. La décharge, à l’aspect repoussant, semble brûler en permanence.

Le Gret a fait appel à Aquassistance dans le cadre de son programme Rosamur visant à renforcer les capacités du Conseil Municipal de Développement de Magway en eau, assainissement et gestion des déchets, pour un appui technique en matière de compostage des déchets. L’objectif étant de construire une plateforme de compostage.

Pour préparer la mission, Aquassistance a lancé un appel à bénévoles parmi ses membres et ce sont Jean-Luc Martel et Marco Fontana Giusti qui ont été sélectionnés. Avant de rejoindre la capitale birmane, Rangoon, puis Magway, chacun d’entre eux a traversé une bonne partie du monde (Jean-Luc depuis la France et Marco depuis le Canada).

L’équipe a rencontré l’équipe du Gret et a pris connaissance du contexte local. Elle a aussi contacté les autorités municipales, des éleveurs qui pourraient fournir la matière première pour enrichir le compost avec des déjections animales riches en fertilisants. Ils ont enfin sympathisé avec quelques travailleurs informels, qui les ont aidés à caractériser les déchets d'un camion de déchets ménagers.

Les principes retenus avec le Gret et le Conseil Municipal pour la future plateforme de compostage sont le tri au sol des déchets recyclables ou non compostables, puis le compostage du reste sous hangar non fermé avec l'aide d'un petit chargeur, une maturation à l’air libre et un criblage final pour séparer tous les restes de plastiques et autres corps étrangers de la matière organique et fabriquer un compost de bonne qualité. La première plateforme devrait traiter 1500 tonnes par an, en majorité des déchets de marché.

A noter la volonté d’impliquer les opérateurs informels, qui sont déjà à la manœuvre mais dans un contexte individualiste et peu rationnel, notamment pour le pré-tri des déchets qui seront traités sur la plateforme de compostage.

Cette mission, qui s’est déroulée dans la chaleur et la fumée, mais dans une excellente ambiance avec la petite équipe du GRET et les équipes birmanes, est la première intervention d’Aquassistance au Myanmar.