Madagascar - Bilan et perspectives du projet Ranofisotro (interview)
Entre 2013 et 2014, plusieurs missions d’expertise avaient été effectuées dans les communes de Behenjy, Mioridrano, Ranovao, et Fiakarana, localisées aux environs de Antananarivo, dans les régions d’Analamanga et Vakinankaratra. Afin de mutualiser les ressources, ces projets ont été « regroupés » en un programme, renommé «Ranofisotro», qui signifie «Eau potable» en malgache.
Les financements, réunis en 2017 grâce à la commune d’Issoudun et l’Agence de l’Eau Loire Bretagne, ont permis de concrétiser ces projets pour améliorer l’accès à l’eau pour un total de 6 300 habitants. Concrètement, il s’agissait de réaliser des captages de source et des aménagements de champs captants, pour alimenter gravitairement des réservoirs, et construire ou réhabiliter des mini-réseaux de distribution desservant des bornes fontaines. Menés en parallèle, avec plusieurs entreprises locales, les chantiers ont duré entre 4 et 5 mois.
Début 2019, une mission de réception provisoire des différents projets avait été menée où 2 des 4 chantiers avaient pu être réceptionnés. En effet, le projet de Behenjy n’était pas suffisamment avancé et présentait des réserves. Quant à Fiakarana, il fut décidé d’ajouter au niveau du captage une étape de traitement supplémentaire car l’eau y était colorée et turbide, notamment à cause d’une présence élevée de fer.
Cette étape de traitement s’est matérialisée par la construction d’un filtre à sable lent durant l’été 2019. Sa mise en route eut lieu en Décembre 2019, permettant la réception définitive du projet (avec réserve sur le filtre à sable pour avoir le recul nécessaire sur son fonctionnement).
En parallèle, le suivi du chantier de Behenjy a été accentué durant l’année et lors de notre passage fin 2019, nous avons eu la satisfaction de constater que les travaux avaient été réalisés avec soin et que l’ensemble des remarques avaient bien été intégrées.
Enfin, durant l’année 2019 et sur l’ensemble des 4 projets, l’animation des comités de gestion et l’accompagnement des bénéficiaires ont été mis en œuvre par nos partenaires locaux, avec de nombreuses réunions villageoises sur la gestion du service de l’eau et la sensibilisation à l’hygiène. Une très bonne dynamique a été constatée par nos bénévoles et cet accompagnement sera poursuivi sur 2020.
Laure Abel, responsable des projets à Madagascar :
« Le programme Ranofisotro était un projet conséquent pour AQUASSISTANCE, avec plus de 6300 habitants, différentes entreprises locales, 4 chantiers à gérer en parallèle, et un éclatement des sites autour d’Antananarivo à 2-3 heures de route les uns des autres. C’était assez sportif à la fois en termes de suivi que pour les missions des bénévoles. Une grande partie de la réussite des projets reposait sur la bonne coordination à distance avec les partenaires locaux, fiables et fortement investis. De plus, l’implication des bénévoles, notamment du chef de projets bénévole François Colson, aux côtés de l’équipe permanente pour suivre ces projets était d’autant plus indispensable pour leur bonne réalisation. C’est aussi une satisfaction de savoir que des villages qui ont vu nos bénévoles pour la première fois en 2012 et 2013 ont fini par voir le projet se réaliser, même si la recherche de financement a duré 4 ans. Enfin, Nous sommes reconnaissants d’avoir été soutenus tout ce temps par des bailleurs qui ont pris la mesure de l’ampleur de ce projet et qui nous ont donné moyens de les réaliser avec une approche globale : aussi bien la partie infrastructure que l’accompagnement et la formation des comités de gestion. L’enveloppe de ce projet nous a permis de faire face à plusieurs imprévus comme à Fiakarana, l’ajout du procédé de traitement en cours de route pour assurer une qualité d’eau irréprochable aux villageois. A Behenjy, qui est une ville assez importante mais très éclatée, nous avons procédé à la réhabilitation de tout le réseau existant alors que nous pensions initialement n’en créer que son extension. Il était dans un état préoccupant et s’avérait totalement inopérant, privant tout un quartier dont le centre de santé, en raison du pincement d’une tuyauterie d’amenée principale suspendue à un arbre pour passer au-dessus d’une rivière. »
François Colson - Chef de projet bénévole de Ranofisostro
Qu’est ce qui t’a particulièrement marqué sur ce projet ?
- Sa durée qui fut très longue ! Mais paradoxalement la longueur des projets a été un facteur de valorisation du travail d’Aquassistance auprès des populations. Cet accompagnement dans le temps a renforcé les liens avec les bénéficiaires, et il a permis de faire naître une confiance mutuelle. De plus, le concept de pérennité des installations et du service de l’eau prend tout son sens lorsqu’il est abordé avec un partenaire présent depuis longtemps.
Qu’est ce qui t’a motivé à suivre ce projet durant 8 ans ?
- Je suis sensible à la situation politique du pays. Madagascar a beau être un pays en démocratie, vaste, peuplé et plein de richesses naturelles indiscutables, c’est pourtant l’un des pays les plus pauvre du monde où 75 % de la population vit avec moins de 1,90 dollar par jour. Madagascar est le quatrième pays au monde où le taux de malnutrition chronique est le plus élevé. Près de 50 % des enfants de moins de cinq ans souffrent de retard de croissance (Banque Mondiale, oct. 2019).
Il est enlisé dans la corruption, la richesse est captée par des élites et les populations qui vivent pour la plupart en milieu rural (78%) sont complètement démunies, abandonnées à survivre par elles-mêmes. Ces gens méritent donc notre attention, ils sont victimes des hommes et non de la nature mais une dimension d’urgence est présente. Dans ce contexte qui n’évolue pas en leur faveur, aider ces populations en direct est donc un engagement personnel fort que je souhaite poursuivre grâce à notre belle association, pour éviter qu’il n’y ait double peine : une aide qui diminue ou qui a peu de chance de parvenir jusqu’à ces populations déjà extrêmement vulnérables.
Quels retours peux-tu faire de ta dernière mission en Décembre 2019 ?
- A Behenjy, l’appropriation a réellement été palpable à partir de la réalisation des infrastructures. La prise de conscience s’est opérée sur les 6 derniers mois lorsque l’accès à l’eau s’est amélioré et que les premiers impacts s’en sont ressentis. La population est enchantée.
En peu de temps nous avons même remarqué un accroissement de la population autour des bornes fontaines car des maisons neuves s’y sont construites. De plus, les autorités locales viennent de totalement réhabiliter le centre de santé préexistant mais désormais correctement alimenté en eau, au point d’y avoir nommé une nouvelle directrice. Cette professionnelle dévouée a pu ainsi être désignée par le Comité de Gestion pour assurer, elle-même, la sensibilisation à l’hygiène des villageois.
Le maire était présent à la réception des ouvrages pour en recevoir la propriété en tant que Maître d’ouvrage avec délégation au Comité de Gestion mis en place. Il a d’ailleurs financé une quatorzième borne fontaine supplémentaire branchée sur le réseau mais située dans un village éloigné très isolé. Il envisage maintenant une nouvelle extension vers d’autres hameaux donc nous avons reçu les éléments de chiffrage. Il souhaite également valoriser l’ensemble de ce projet auprès de la Direction de l’eau de la province.
A Fiakarana, nous sommes très heureux de voir que la population est devenue exigeante sur la qualité de l’eau et qu’elle exerce la pression nécessaire sur le Comité de Gestion du service pour garantir le bon entretien du réseau. Au point qu’elle a même accepté d’en augmenter le tarif. L’organisation du service de l’eau est très satisfaisante et la gestion comptable est rigoureuse. La dynamique est telle que les 26 fontainiers et le Comité de Gestion se sont rendus à Sakay (un autre projet soutenu par Aquassistance il y a plusieurs années) en bus entre Noel et le Jour de l’an, afin d’y rencontrer, durant 3 jours, leurs homologues et échanger sur leurs bonnes pratiques respectives. Là encore, une demande d’extension du réseau vers deux hameaux est à l’étude chez Aquassistance.
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