Côte d'Ivoire - Témoignage d'une primopartante

Ayant suivi les formations „Hygiène et Santé” et „Comité de gestion” d’Aquassistance, la chance m’a été offerte de participer à l’expertise de démarrage du projet eau et assainissement à Touro.

Je suis donc partie avec deux collègues de la région Sud Ile de France avec des rôles bien répartis : William et Daniel pour la partie technique et moi pour l’étude socio-sanitaire.

Les habitants du village avaient été mis au courant de notre arrivée par l’Association Solidaire avec Touro Village (ASTV), qui nous avait transmis leur demande, en relation avec Electriciens sans Frontières. Nous avons respecté le protocole et rencontré le chef du village et les chefs de quartiers afin de leur expliquer les raisons de notre venue. A la fin de la mission, nous avons revu toutes ces personnes pour leur exposer le constat que l’on avait fait. Tous nos accompagnants sur place, y compris la Direction de l’Hydraulique, se sont rendus disponibles pour nous.

Le village de Touro est situé en Côte d’Ivoire à environ 380 km d’Abidjan, dans le département de Katiola, sous-préfecture de la région du Hambol, dans la vallée du Bandama. D’après le recensement de début 2022, il compterait 3 900 habitants.

Ils font principalement de l’agriculture pour leur consommation et la revente : ignam, mangues, bananes, ananas, riz, maïs, arachides, noix de cajou et élevage de poulets, dindes, cabris, moutons, bœufs.

L’accès à l’eau y est en revanche un vrai souci.

Dans le petit hôtel où nous étions logés, l’eau n’était pas toujours au rendez-vous, ce qui nous a permis de prendre conscience du besoin réel des habitants.

Le but de la mission était de repérer tous les points d’eau, les structures existantes (dispensaire, école…), les habitudes des villageois, pour mettre en avant les problèmes d’hygiène et d’assainissement, et de proposer des solutions d’amélioration.

Nous avons fait un premier tour des PMH (Pompes à Motricité Humaine) et HVA (Hydraulique Villageoise Améliorée) solaires et/ou électriques en place. William (Gaffney) et Daniel (Da Cruz) ont géolocalisé toutes ces pompes. Nous avons aussi recensé des puits qui sont souvent tarissables en période sèche.

Un comité de gestion de l’eau existe dans chacun des trois villages de Touro, géré par les femmes avec une gouvernance des hommes.

La corvée de l’eau est réalisée principalement par les femmes et les jeunes filles.

Lors des enquêtes auprès des ménages, elles ont toutes eu la même réponse : cette tâche était dure et une perte de temps significative, les empêchant de s’occuper des enfants et de se concentrer sur les repas ou la lessive. L’approvisionnement en eau peut leur faire perdre 1 à 5 heures par jour, selon la distance à parcourir, l’attente à la PMH, les tarissements et les pannes.

Donc, par gain de temps, elles vont au marigot, où l’eau est sale et que fréquentent aussi les animaux. L’eau du marigot n’est ni filtrée ni bouillie ni chlorée, provoquant des maladies comme la dysenterie, les diarrhées ou le choléra.

Une sensibilisation est faite par les Agents de Santé Communautaire pour essayer de changer les mentalités afin que certains gestes d’hygiène soient pris en compte. Le covid 19 les a incités à acquérir certains gestes, mais comme le savon est cher, les mains et les vêtements sont souvent lavés à l’eau seulement.

Très peu de villageois ont des latrines sèches. Les rues sont remplies de déchets et ceux-ci sont souvent stockés à proximité des habitations. Les coulées de terre, lors des pluies, enterrent dans le sol ces déchets et provoquent, également, une déformation importante des chaussées de terre.

Avec l’équipe nous sommes en train de finaliser le rapport technique et socio-sanitaire et nous sommes motivés pour que le projet d’eau potable et d’assainissement puisse être réalisé.

Cette mission a été une expérience riche en émotions et en valeurs humaines.

Dominique Raynaud