Mali (Fanga) - Première mission en Afrique
Marie-Christine Codron (Lyonnaise Nord Littoral) et René Lecomte (retraité SAFEGE) sont partis à Fanga pour préparer les travaux d’approfondissement ou creusement de puits. Le projet a pour partenaires la Ville de Calais, Eaux de Calais, l’Association pour le Développement des Ressortissants de la Commune de Fanga en France (ADRCFF) et l’Association Malienne de Solidarité et de Coopération Internationale pour le Développement (AMSCID).
A Kayes, nous sommes accueillis par le Maire de Fanga qui va nous accompagner et M. Kamara (représentant de l’AMSCID) qui nous servira d’interprète. Nous prenons également contact avec le Directeur de l’Hydraulique, M. Bocoum et rencontrons un puisatier qui a déjà fourni un devis pour les forages des quatre villages de Fanga.
Enfin, c’est le départ pour Fanga. La route asphaltée jusqu’à Yélimané est parfois défoncée par les pluies, puis c’est la piste pendant 1h30 avant d’atteindre Fanga. Il fait au moins 38°. Pendant l’hivernage, de juin à octobre, les pistes sont impraticables et Fanga est isolée du monde.
Nous faisons connaissance avec la famille du Maire et on nous installe dans notre logement. Le lendemain, nous partons pour le premier village, Tango. Nous sommes accueillis avec les salutations d’usage dans le pays, on nous demande des nouvelles de la famille, du pays, du travail, des amis… Le son du tambour appelle les villageois à la réunion qui se déroule dans la case à palabres ; nous insistons pour que les femmes y participent. Après les discours de bienvenue, trois points importants sont abordés : la reconnaissance des puits, la formation d’un comité de gestion et l’implantation des bornes fontaines.
Tout le monde s’anime lorsqu’il s’agit de l’implantation des bornes fontaines, mais il n’est pas question de les brusquer et nous leur signifions de prendre le temps de se consulter avant de donner une réponse. Le plus urgent est de définir l’implantation du puits et de créer le comité de l’eau afin de superviser les travaux. Nous partons ensuite vers le village de Djenguéré où nous sommes accueillis avec le même enthousiasme. Il s’agit de la réhabilitation de deux puits, on leur demande également de créer rapidement un comité de l’eau et l’implantation des bornes fontaines ne pose aucun problème.
Dans l’après-midi, nous nous rendons au village de Gréau. Un comité de l’eau existe déjà, il suffira de prendre en compte les futurs ouvrages. Le Chef du Village a vécu 36 ans en France (il travaillait pour la Ville de Paris) et cela fait 7 ans qu’il est rentré au pays.
De retour à Fanga, un bon repas nous attend. Nous prévoyons de partir de bonne heure le lendemain pour le village de Djerika qui se trouve de l’autre côté de la colline mais nous devons faire un grand détour car la route est inaccessible en raison des inondations. Nous sommes prêts à l’heure convenue. L’Afrique nous apprend la patience : nous ne démarrons qu’à 9h pour une route qui sera très longue, mais on est incapable de nous dire si le voyage va durer 2, 5 ou 10h, ce sera la surprise du jour !
En fait, nous retournons vers Yélimané par la piste, puis nous sommes reçus par le Préfet et ses deux adjoints. Il souhaite nous connaître ainsi que l’objet de notre mission. Ensuite nous repartons vers Djerika pour 3 h de route dont une bonne partie de piste. L’accueil est toujours aussi chaleureux, les villageois nous attendent avec impatience depuis le matin, le maire nous excuse ; notre retard est dû aux mauvaises conditions de route et à l’arrêt chez le Préfet. Les discours sont suivis d’applaudissements, tout le village est présent, femmes, hommes, enfants. L’emplacement du puits est défini, il leur est demandé de constituer un comité de l’eau et de fixer l’emplacement des 3 bornes fontaines.
Nous sommes invités à déjeuner (le plat unique c’est de la chèvre), puis nous reprenons la route vers Fanga, en partie à la lueur des phares. Heureusement nous n’avons pas de crevaison et nous ne rencontrons qu’une compagnie de «renards» dont l’un finira dans la casserole de nos hôtes.
Vendredi 16 novembre : retour à Kayes pour faire le point avec M. Bocoum de la Direction de l’Hydraulique.
Samedi 17 novembre : retour à Bamako où un point est fait avec le représentant des migrants :
- l’emplacement des puits a été défini,
- il reste à mettre en place avant la fin de l’année un comité d’eau (sauf à Gréau où il existe déjà), chargé de suivre les travaux, de définir l’emplacement des bornes-fontaines, d’assurer le gardiennage du matériel…
- en même temps, on poursuit la consultation pour le forage des puits qui commencera début 2008
- en mai 2008 les puits seront réceptionnés et des essais de pompage réalisés
- en octobre/novembre 2008, après l’hivernage, poursuite des travaux réseau et réalisation des bornes fontaines.
Participer à cette mission a été un réel bonheur. Vivre une telle expérience aussi proche des villageois permet de mieux connaître leurs attentes. On ne revient jamais le même d’un voyage en Afrique, où le temps n’a pas d’importance. Je n’oublierai pas ces visages souriants et ces mains tendues, les jolis boubous des villageoises, les couleurs, l’accueil des femmes, des enfants…
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